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Hanche Genou

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la chirurgie prothétique
de la hanche et du genou

10 ans et un symposium

symposium

 

La voie antérieure et moi c’est une vieille histoire d’amour. 

En 1987, je suis jeune interne et je décide de faire de la chirurgie viscérale. Je passe donc dans un service de chirurgie viscérale où une ou 2 fois par semaine, un chirurgien orthopédiste, le docteur Jean Yves Pacault, fait des interventions d’orthopédie pour les patients de l’hôpital. J’avais déjà vu des interventions de chirurgie orthopédique durant mes années d’étudiant en médecine, mais je dois bien reconnaitre que je n’avais pas été du tout séduit par cette chirurgie. Et puis, voilà qu’il faut aller aider ce chirurgien, que personne ne veut aider, car il ne fait pas de la chirurgie viscérale. Il ne lui aura pas fallu longtemps pour me convaincre que ma véritable voie était là. Jean Yves Pacault était non seulement un excellent chirurgien, mais il faisait aussi des voies d’abord antérieures pour les prothèses de hanche avec élégance. Jeune interne, j’ai été séduit par cette manière de faire. 

J’ai donc abandonné en quelques semaines l’idée de faire de la chirurgie de l’abdomen et je suis devenu orthopédiste. Jean Yves Pacault a profondément influencé ma carrière, car c’est lui aussi qui voyant que cette chirurgie me plaisait, m’a conseillé d’aller au moins 6 mois en stage chez son ancien patron, le professeur Letournel. Je n’ai jamais pu le remercier comme il le fallait, car le Docteur Pacault est décédé très jeune d’un cancer. Je profite donc ce ces quelques lignes pour lui rendre hommage et le remercier. J’ai presque suivi à la lettre les bons conseils qu’il m’a donnés à l’époque. Je suis donc devenu orthopédiste. J’ai ensuite eu la chance de passer chez Émile Letournel ou j’ai pu en apprendre beaucoup de choses. J’ai toujours fait et aimé faire des voies antérieures dans la chirurgie de la hanche.

Après avoir appris cette chirurgie, je me suis dit qu’il y avait peut-être moyen de faire encore mieux. Un autre chirurgien a alors eu aussi une influence importante sur la carrière. En fin d’internat, en 1992, je suis passé dans le service du professeur Roy Camille et son agrégé Jean Pierre Benazet commençait à s’intéresser aux techniques mini invasives dans le rachis. J’ai bien retenu la leçon de la chirurgie mini invasive et j’ai essayé de l’appliquer à la chirurgie de la hanche. J’ai à peu près mis 4/5 ans à mettre au point une technique efficace pour faire des prothèses par une cicatrice de moins de 8 centimètres. J’ai mis au point quelques instruments et une table d’extension simple et efficace.

Ensuite logiquement en chirurgie si vous avez mis au point quelques choses de nouveau, vous avez envie de le partager, de l’enseigner et d’aider les autres à faire au moins aussi bien. La les choses se sont corsées, car cela n’intéressait personne et surtout pas les compagnies qui fabriquait des prothèses de hanche. Presque plus personne ne faisait des voies antérieures et à chaque fois, le même argument retombait : c’est trop difficile pour le chirurgien lambda et il faut une table spéciale. Ca ne nous intéresse pas ! Nous fabriquons des prothèses, pas des tables. Du côté des fabricants de tables, le son de cloche n’était pas très différent : il n’y a pas de marché, ça n’intéresse personne !

Finalement, l’obstination aidant, la chance a tourné. Un peu par hasard j’ai rencontré un fabricant suisse de prothèses de hanche, monsieur Siccardi. Alberto Siccardi est un personnage haut en couleur et pour le moins atypique. Son père avait fondé un petit laboratoire pharmaceutique qui fabriquait des solutés pour perfuser les patients. Il a réussi à faire grossir l’entreprise de manière très efficace et un grand groupe américain a finalement racheté son entreprise. A 50 ans il s’est retrouvé relativement riche. Il aurait pu profiter de sa fortune et couler des jours heureux. Il a eu besoin au même moment de 2 prothèses de hanche. Très content du résultat de ses opérations, et craignant de s’ennuyer il a créé alors une petite société d’orthopédie. La société Medacta est née en 1999. En général les sociétés d’orthopédie ont été créées par des chirurgiens ou des ingénieurs. Medacta a été créé par un patient ! Quand nous avons discuté ensemble la première fois, je lui ai parlé de la technique comme à un patient en lui vantant la récupération plus rapide, l’absence de dégât musculaire et miracle il m’a fait confiance. Il m’a alloué 20 000  euros pour mettre au point une table performante. Nous avons ensuite développé des instruments vraiment efficaces et il m’a suivi sur presque toutes mes demandes. j’ai pu encore améliorer la technique avec des instruments dédiés et je pense qu’actuellement c’est la meilleure de toutes les techniques de voies antérieures. Newton disait que s’il a vu loin c’est parce qu’il était assis sur les épaules de géants, j’ai moi profité de ce que l’on m’avait enseigné (Jean Yves Pacault, Emile Letournel et quelques autres) et j’ai pu ensuite faire un tout petit peu mieux en développant la technique mini invasive. 

J’ai ensuite commencé à former des chirurgiens suisses qui ont été emballés par cette façon de faire. Ce fut ensuite le tour de l’Autriche puis progressivement de plus en plus de pays. J’ai passé 5 ans à voyager une fois par semaine pour former mes collègues européens puis du monde entier. L’aventure ensuite nous a donné raison, car cette toute petite société est devenue en 10 ans la plus grosse compagnie européenne de fabrication de prothèse. Medacta dépense une énergie folle à former des chirurgiens de toutes les nationalités et je suis bien sûr responsable d’une grande partie de ces cours. Une ou 2 fois par mois, nous organisons des sessions pour une vingtaine de chirurgiens et nous les formons à cette technique. Cette année nous avons donc fêté les 10 ans de cette collaboration et les 150 cours de formation. 

Pour fêter l’événement, Médacta a organisé un grand symposium que j’ai présidé à Lugano en Suisse, berceau de l’entreprise. 700 chirurgiens sont venus ce qui n'est pas si mal. Les chirurgiens que j’ai formés en grande partie sont donc venus présenter leurs résultats. On discute, on rapporte les problèmes, tout cela avec l’idée d’améliorer encore ce que nous faisons. On partage nos expériences. C’est une pratique indispensable. 

Pour cette occasion, nous avons fait un petit film parodique que je vous laisse découvrir. On m’a demandé de faire le chirurgien. Ce ne fut pas trop dur, mais bien sûr il faut un peu forcer le trait ! C’était assez amusant de tourner avec des pros. Je suis même passé entre les mains d’une maquilleuse ce qui est un peu un comble, car j’ai quand même mis une bavette, un masque et des lunettes. 

Vous allez sur le site Medacta.tv. Le film s’appelle SPOT-AMIS.

On ne fait pas encore aussi bien que dans ce petit film mais on y est presque et beaucoup de patients maintenant rentre chez eux le lemndemain de l'intervention et certains le soir même. Pour ceux qui ont le cœur bien accroché et que la vision de la chirurgie n’effraie pas, il y a aussi le film d’une intervention que je fais.